Matinale découverte equicoaching avec le Bien Public

Jeudi, 8 h 30, à l’académie équestre de Bonvaux, à Plombières-lès-Dijon : six managers côte-d’oriens ont troqué costumes et tailleurs pour une paire de bottes et un stick de dressage. Le temps d’une matinée ils vont participer à une séance d’équicoaching. Et nous aussi. Il faut d’abord s’accorder un « retour au calme ». Respiration zen et projections mentales font l’affaire. Direction, ensuite, le manège équestre pour le premier exercice.

« Mettre les limites »

Jessica, la coach, se trouve une dizaine de mètres en face de nous. Elle avance à grand pas pour nous rejoindre en traversant plusieurs frontières invisibles : notre zone publique, notre zone de connexion puis notre zone d’intimité. À nous, en fouettant une cravache vers le sol, de la stopper dans son élan pour qu’elle ne se rapproche pas trop au point de nous mettre mal à l’aise. « Si vous ne me faites pas comprendre clairement, avec la cravache, que je ne dois plus avancer, le message sera brouillé et j’estimerai avoir le droit de m’approcher encore », explique Jessica. Ce simple jeu nous offre une première clé : dans une entreprise, c’est toujours celui qu’on sollicite qui doit fixer sa propre limite. « Aucun collaborateur ne peut deviner, à votre place, où elle se situe », répète-t-elle. Nos « managers-cavaliers » acquiescent au rappel de cette simple règle sociale.

Entre ensuite en piste Limande, une belle jument blanche, qui n’est absolument pas rodée a l’exercice suivant : « Vous allez devoir la convaincre de vous suivre sur quelques pas », détaille Sophie, la deuxième coach. Rien de complexe. À un détail près : il est interdit de parler à l’animal ou de le toucher. « On travaille ici la communication non verbale. Le cheval est dans le ressenti. Si vous pensez qu’il ne viendra pas à vous, ce sera un échec », assurent les deux “profs”.

On s’approche de l’équidé, qui préfère renifler un plot. « Soyez patients et tentez de capter son attention par le visuel pour entrer dans sa zone de connexion », conseille notre guide. Notre regard s’intensifie, notre corps se tend et nos pieds s’ancrent dans le sol : Limande sent notre énergie et sait que, maintenant, c’est nous qui menons la danse. Ses oreilles se redressent, sa tête se retourne. Nos yeux sont verrouillés dans les siens. On s’approche encore un peu. « Vous voyez ? Elle commence à mâchouiller, ça veut dire qu’elle se décontracte », précise Sophie. Limande est désormais confiante et semble entendre notre message muet. Elle n’attend plus qu’une chose : partir avec nous. Absolument convaincus qu’elle va nous suivre, on fait un pas, puis deux. Derrière nous, les sabots de la bête claquent le sol. Elle avance !

« Ne doutez pas, ne marquez pas de temps d’arrêt. Continuez à marcher », lancent les coaches. Un tour de manège plus tard, toujours sans effleurer son licol et sans piper mot, on amène Limande au centre de l’atelier, avant de la faire stopper net. Juste parce qu’on l’a « fermement souhaité ».

Se faire comprendre sans donner d’ordre

« Vous étiez persuadés que ça allait marcher. Elle a donc eu confiance en vous et vous a suivis », analyse Jessica qui a démontré qu’il était possible de « convaincre et fédérer sans donner d’ordre ». Nos managers n’ont plus qu’à appliquer la technique avec leurs équipes. La cravache en moins, bien sûr.

Elle a eu confiance en vous parce que vous étiez persuadée que ça allait marcher. Jessica, équicoach

Le mot du dirigeant

« Lors d’une séance d’équicoaching, on n’est pas assis face à un powerpoint. On va travailler avec un cheval sur l’intelligence émotionnelle et le langage non-verbal », explique Thierry Cesareo, gérant du cabinet conseil et organisme de formation Azimut Partners, qui propose, depuis peu, à ses clients, cette étonnante formation. Objectif : aider les leaders, chefs d’équipe, directeurs des ressources humaines ou patrons à mieux comprendre les interactions avec leurs collaborateurs et leur permettre de passer des messages plus clairs en limitant les situations de conflit.

« L’homme évolué ne se concentre que sur la tête et la parole. Nous avons oublié le corps, les chaleurs qu’il dégage et nos réactions physiologiques. Nous n’avons, également, plus à l’esprit qu’une émotion engendre une action physique de notre part, aussi infime soit-elle. Le cheval, lui, capte dans l’instant ces signaux non verbaux : il observe, analyse nos gestes et décode notre comportement et réagit en fonction. Si on s’approche trop vite, il va reculer. Si l’on n’est pas sûr de nous, il ne nous suivra pas. Arriver à communiquer avec lui par nos émotions, nos intentions, c’est gagner sa confiance », poursuit notre interlocuteur. Et avoir la confiance d’un cheval, c’est pouvoir l’emmener où l’on veut. Le parallèle avec la gestion d’une équipe de collaborateurs saute aux yeux. »

Thierry CESAREO

Merci à Aurélien CELESTRANO et Jérémy TUZZA de Trouve ton Transport de leur participation.